En contrebas de la rue François-René de Chateaubriand, le Charbonneau serpente à travers la végétation. « Quand les enfants dessinent un ruisseau, ils le font sinueux, observe Véronique Dubettier-Grenier, maire de Carquefou, en visite sur le site mercredi 26 octobre. Pendant des années, on a eu tendance à creuser des fossés. Maintenant, les enfants vont pouvoir voir le Charbonneau tel qu’il devrait être : avec sa sinuosité. »
Sur les 28 km du cours d’eau, 22 étaient dégradés avant les travaux, dont 14 km artificialisés. Le chantier, réalisé depuis cet été sur 3,5 des 7 km concernés par la restauration, permet au ruisseau de retrouver sa dynamique naturelle. « On vient recréer une sinuosité et on resserre le lit mineur, indique Damien Linard, technicien en milieux aquatiques à Nantes Métropole. On alterne des tronçons avec peu de profondeur et des fosses où l’eau est plus lente, ce qui permet au ruisseau d’autoréguler la qualité de l’eau. »
Des matériaux sont également apportés pour recréer l’habitat naturel de la faune et de la flore. « Dans les années 1980, on a curé des cours d’eau envasés car on voulait absolument que l’eau s’évacue au plus vite. Mais en faisant ces opérations, on a enlevé les habitats d’un écosystème très riche : poissons, invertébrés, algues… Pour se reproduire, une truite a par exemple besoin de pierres et de cailloux pour la ponte. On a donc fait une étude pour déterminer comment réintroduire les cailloux. Il faut faire très attention à avoir une granulométrie hétérogène, 0 à 50 mm, pour la diversité de l’habitat. »
Un programme de restauration jusqu’en 2026
La restauration du Charbonneau comprend également l’intervention sur des ouvrages hydrauliques pour rétablir la continuité hydraulique, piscicole et sédimentaire et la lutte contre les espèces invasives. « Ce travail vient en complémentarité des actions de la Ville de Carquefou avec, notamment, l’entretien de la ripisylve et la fauche raisonnée dans le vallon pour permettre à la faune et la flore de perdurer », rappelle Véronique Dubettier-Grenier.
Le chantier s’inscrit dans un vaste programme de restauration de trois affluents de l’Erdre - le Charbonneau, le Cens, le Gesvre - mené par Nantes Métropole sur la période 2021-2016 pour un montant de 5,7 millions d’euros. Les travaux sont effectués avec le partenariat financier de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, le Département de Loire-Atlantique et la Région Pays de la Loire. « L’objectif est que ces cours d’eau retrouvent une qualité écologique, souligne Jean-Sébastien Guitton, vice-président de Nantes Métropole délégué au cycle de l’eau et à la biodiversité. En cas de fortes précipitations, un cours d’eau naturel peut absorber davantage la masse d’eau. Et en période de sécheresse, un fossé se retrouve très vite à sec alors qu’un cours d’eau qui serpente, avec des profondeurs différentes, conserve plus facilement l’eau. Ces aménagements ont donc un intérêt face au dérèglement climatique. »