La nature gagne du terrain sur l’île de Nantes

De nouvelles ambitions écologiques

En mutation depuis le début des années 2000, l’île de Nantes se réinvente, sans oublier son passé industriel, pour devenir « un grand quartier de culture, de santé, d’innovation mais aussi un quartier où il fait bon vivre », rappelle Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole, ce jeudi 22 février au Hangar 32, espace de médiation sur le projet urbain de l’île de Nantes. « Trois équipes d’architectes-urbanistes et de paysagistes ont successivement pris les rênes de ce grand et beau projet. En ce début d’année 2024, nous ouvrons un nouveau chapitre avec le lancement de la consultation pour désigner la nouvelle équipe de maîtrise d’œuvre qui concevra, notamment, l’aménagement de la pointe ouest de l’île. La bifurcation écologique est le fil directeur de ce nouveau chapitre. » Le projet urbain répond à trois objectifs majeurs : « Une île à 2 tonnes de CO2 par habitant et par an en 2040, une île confortable, adaptée et adaptable et une île renaturée avec l’idée de réparer un siècle et demi d’activités industrielles particulièrement visibles sur la pointe ouest », détaille Thomas Quéro, adjoint à la maire délégué à la forme de la ville, l’urbanisme durable et aux projets urbains. La nouvelle équipe de maîtrise d’œuvre, qui sera désignée fin 2024, démarrera la conception du projet par un temps de co-construction de six mois avec les citoyennes et les citoyens.

Le parc de Loire, un nouveau poumon vert

L’ouest de l’île de Nantes va se verdir dans les prochaines années. Pièce maîtresse de cette végétalisation, le futur parc de Loire se déploiera sur 10 hectares « en pleine terre et d’un seul tenant », précise Johanna Rolland, « ce qui représente l’équivalent du Jardin des plantes et du Jardin extraordinaire réunis ». Ce nouveau parc, dont la première phase est attendue pour 2030, s’inscrira dans un ensemble plus vaste de 16 hectares et sera une composante centrale de la chaîne des parcs de Loire avec le parc Beaulieu, le Jardin extraordinaire et le futur parc-archipel de la Petite-Hollande.

Des jardins de proximité

Des jardins viendront compléter cette trame verte. Au nord, les Jardins de l’Estuaire feront le trait d’union entre le nouveau quartier République et le quai des Antilles. D’une surface de 8 hectares, répartis sur 1,6 km, ces espaces verts de proximité seront destinés aux habitants du quartier. Au nord, le cours de l’Estuaire accueillera une vaste promenade piétonne, plantée de grands arbres, et la ligne 5 du Busway. Au sud, on trouvera une noue plantée, longée par une promenade piétonne à l’esprit bocager, qui permettra de recueillir les eaux pluviales. Entre les deux, de vastes pelouses et des espaces ombragés propices à la détente, au jeu et à la rencontre. L’aménagement démarre en 2024 avec une ouverture progressive de 2025 à 2027 d’est en ouest.

Autre espace vert qui fleurira à la pointe ouest de l’île : le Jardin du rail, 3 hectares situés sur l’ancien faisceau ferroviaire entre le Hangar à bananes et le secteur incluant les hangars du Solilab, du Karting et de Chapidock. Il conservera l’alignement de platanes de la rue Saint-Domingue et une centaine d’arbres seront plantés. Les rails seront conservés. « Le passé sera très présent, on continuera à pouvoir lire et décrypter les espaces à la fois pour les visiteurs et pour les habitants », souligne Olivier Château, adjoint en charge du patrimoine.

Près de 200 arbres plantés sur le parc des Chantiers

Sans attendre l’arrivée de ces futurs espaces verts, la Ville souhaite « agir » sur l’existant et « accélérer la renaturation » du parc des Chantiers, livré entre 2007 et 2009. Pour le rendre plus adapté au changement climatique, 80 arbres sont plantés d’ici la fin du mois de février 2024 ainsi que 240 arbustes et grimpantes. 120 arbres suivront en janvier 2025. La Samoa, aménageur de l’île de Nantes, et la Direction Nature et Jardins de la Ville ont fait appel à Alexandre Chemetoff, paysagiste et concepteur du parc des Chantiers. Le projet prévoit notamment de nouvelles plantations - peupliers, ormes de Sibérie, thyms - autour de la cale des sous-marins, l’arrivée de mimosas et d’une palmeraie près des jeux pour enfants et un nouveau bosquet et des sous-bois plus densifiés sur l’esplanade des Traceurs de coques. « Ces plantations seront bénéfiques pour les continuités écologiques et pour la qualité de vie des habitants. Nous pourrons nous mettre à l’ombre de ces chênes verts, de ces mimosas et de ces autres espèces adaptées au changement de climat car il ne faut pas raisonner uniquement sur le nombre d’arbres mais aussi sur la qualité avec des essences en phase avec les enjeux de notre époque », souligne Johanna Rolland.

Le plan Pleine terre se déploie sur l’île de Nantes

Adopté en juin 2022 par la Ville, le plan Pleine terre prévoit de reconvertir 8 hectares de bitume en sols naturels d’ici 2026. Quatre hectares ont déjà été débitumés. « Sur l’île de Nantes, il a permis de planter 130 arbres et de créer des oasis de biodiversité au parc Beaulieu et rue des Boires », indique Delphine Bonamy, adjointe en charge de la nature en ville. Le plan va se poursuivre avec la création d’un jardin de 2500 m² sur une partie du parking Anatole-de-Monzie près du complexe sportif Mangin-Beaulieu là où initialement, un projet immobilier était envisagé. Ce nouvel espace vert de proximité sera accessible dès le printemps 2025. Un square verra également le jour à l’hiver 2024-2025 rue René-Viviani : 500 m² de sols vivants seront recréés et 20 arbres seront plantés. « Des rues jardin seront créées avec 500 m² débitumés au niveau du mail du Front populaire et de l’allée Frida Kahlo. En 2025, d’autres espaces seront concernés : l’entrée du square Vertais, le quai Dumont Durville et la place de la Basse Mar… », poursuit Delphine Bonamy. À la pointe est, le parc Beaulieu (Crapa) sera réaménagé avec 3000 m² de végétalisation supplémentaire gagnée sur le parking. Une noue avec deux passerelles en bois sera créée à l’entrée du parc.

Au total, d’ici 2030, 10,8 hectares seront débitumés, 21 nouveaux hectares seront végétalisés et plus de 1300 arbres seront plantés sur l’île de Nantes, auxquels viendront s’ajouter ceux du futur parc de Loire.