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Et si la Loire pouvait s’exprimer et défendre ses idées ?

Actualités Publié le 17 février 2022

Depuis 2019, la démarche du parlement de Loire réunit des juristes, des artistes, des urbanistes, des écologues, des militants, des riverains… Leur mission : imaginer ce que pourrait penser et dire le fleuve. Des auditions mises en récit par l’écrivain Camille de Toledo.

L'ouvrage
L'ouvrage "Le fleuve qui voulait écrire…" est une mise en récit des échanges au sein du parlement de Loire (photo © Patrick Garçon).

L’idée de parlement de Loire a été initiée par POLAU-pôle arts & urbanisme, une structure tourangelle de ressources et de projets, entre création et aménagement des territoires. Avec l’envie de mettre en dialogue différents profils et disciplines : des professionnels (philosophes, anthropologues, écologues, biologistes, juristes, auteurs…), mais aussi des usagers de la Loire, autour d’une question : « Et si, pour la première fois en Europe, un fleuve avait la possibilité de s’exprimer et de défendre ses intérêts à travers un système de représentation inter-espèces ? ».

Une expérience sensible hors du commun

Ces échanges de points de vue, à la croisée des arts, des sciences, des usages et des droits de la nature, ont ensuite été mis en récit par Camille de Toledo dans un ouvrage intitulé Le fleuve qui voulait écrire… En introduction, cette citation explicite de Victor Hugo : « C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas ».

L’auteur définit la démarche comme un « soulèvement légal terrestre ». Car ce parlement constitué, au-delà d’un sens juridique, est une assemblée créée ex nihilo, composée d’érudits et de passionnés, qui donnent chair, corps et voix au fleuve et aux entités qui le constituent en le considérant comme un système vivant doté de raison et d’affects… Le fleuve se raconte dans un enchaînement d’idées, de propositions, de démarches, de procédures, chacune des prises de parole venant compléter la précédente, enrichir et poursuivre les autres.

Vers une entité juridique Loire ?

En faisant parler la Loire, en la personnifiant – le fleuve n’est plus désigné comme la Loire, mais porte le nom de « Loire », sans le déterminant –, l’assemblée en fait une institution fictionnelle en faveur d’une entité juridique en devenir. Et si accorder la reconnaissance d’une personnalité juridique au fleuve, comme cette démarche existe déjà en Nouvelle-Zélande, Inde, Équateur, Canada, était envisageable pour le fleuve français ?

Deux rencontres avec l’auteur

L’auteur de Le fleuve qui voulait écrire…, Camille de Toledo, sera présent à Nantes pour une conférence vendredi 25 février au lieu unique, dans le cadre du festival Atlantide pour une « conversation » sur le thème « Cartes et territoires, mythes et mémoires ». Il participera également à une conférence de l’IEA de Nantes sur la thématique : « Face à la crise écologique, quelle démocratie ? Les nouvelles formes d’expression au service de la transition ». Au lieu unique, le 1er mars, à 18h.

Pratique

Le Fleuve qui voulait écrire... Les auditions du parlement de Loire, mise en récit Camille de Toledo avec les voix de Frédérique Aït-Touati, Bruno Latour, Virginie Serna, Bruno Marmiroli, Jacques Leroy, Jean-Pierre Marguénaud, Catherine Larrère, Catherine Boisneau, Valérie Cabanes, Matthieu Duperrex, Gabrielle Bouleau, Sacha Bourgeois-Gironde, Marie-Angèle Hermitte. Coédition Les Liens qui Libèrent, Manuella Éditions, le POLAU, 384 p.