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Éco-anxiété : « Il faut accepter l'idée que l'avenir ne sera pas celui qu'on espérait »

ActualitésPublié le 07 octobre 2022

Souffrance psychologique liée à la crise écologique, l'éco-anxiété touche de plus en plus de personnes, en particulier les jeunes. État des lieux avec Antoine Pelissolo, psychiatre, chef de service au CHU Henri-Mondor de Créteil et co-auteur du livre Les émotions du dérèglement climatique.

Antoine Pelissolo est psychiatre et chef de service au CHU Henri-Mondor de Créteil.
Antoine Pelissolo est psychiatre et chef de service au CHU Henri-Mondor de Créteil. Il sera à Nantes pour une conférence-débat gratuite le 18 octobre.

Qu'est-ce que l'éco-anxiété et pourquoi est-ce un sujet prégnant dans le débat public ?

« L'éco-anxiété est une forme d'inquiétude forte liée à l'avenir du climat ou de l'environnement. Ce n'est pas une pathologie. S'interroger sur l'avenir n'a rien d'anormal, au contraire. Mais chez certaines personnes, cette inquiétude devient envahissante et se transforme en troubles anxieux proches de la dépression avec un mélange de sentiments comme la peur, la colère envers l'inaction globale ou la culpabilité. Il y a 5-6 ans, cette problématique était un sujet de consultation parmi d'autres mais depuis 2-3 ans, les gens viennent nous voir avec cette unique préoccupation. C'est surtout l'été qui déclenche ces réactions fortes, à cause de la canicule ou des tempêtes qui sont de plus en plus fréquentes et de plus en plus proches de nous. La prise de conscience vient également de recherches d'informations comme des lectures de rapports du Giec sur le réchauffement climatique... »

Quelles personnes en souffrent le plus ?

« De nombreuses personnes sont concernées mais ce sont les 15-30 ans qui en souffrent le plus. Les générations précédentes se sont moins inquiétées pour elles-mêmes que pour leurs enfants ou leurs petits-enfants. Aujourd'hui, les jeunes se sentent impactés dans leur propre chair, avec des changements importants dans les décennies à venir qui concerneront la façon de se nourrir et de consommer. Ils ont du mal à se projeter dans l'avenir. Certains d'entre eux renoncent même à l'idée d'avoir un enfant. C'est une remise en cause nouvelle. Jusqu'à présent, malgré les fortes périodes de crise de l'Histoire, la descendance représentait toujours un espoir. »

Comment aider ces éco-anxieux ?

« L'objectif est de les mener vers une trajectoire qui soit plus proche des processus d'adaptation, un peu à la manière d'un deuil. Il faut accepter l'idée que l'avenir ne sera pas celui qu'on espérait avec des solutions à tout. Cette première phase d'acceptation peut prendre du temps. Il ne faut pas hésiter à en parler – ce qui n'est pas toujours facile car certaines personnes sont encore dans le déni du réchauffement climatique – ou à consulter des psychologues ou des thérapeutes. La seconde phase consiste à prendre soin de soi en privilégiant les techniques de gestion du stress comme la méditation et la relaxation pour prendre du recul. On y associe les activités physiques au contact de la nature. La troisième phase, à plus long terme, passe par les nouveaux projets comme le fait de trouver un travail en accord avec ces valeurs-là ou de s'investir dans une association militante pour apporter sa contribution. On sort de l'angoisse et de la paralysie quand on se sent utilise pour la cause en question. Tout cet accompagnement peut atténuer les angoisses des gens. »

Une conférence-débat le 18 octobre 2022

« Comment gérer nos émotions face au dérèglement climatique ? », dans le cadre des rendez-vous « focus santé » et de la semaine d'information sur la santé mentale organisés par la Ville de Nantes en partenariat avec le CHU de Nantes et Nantes université. Mardi 18 octobre 2022, de 19h à 20h30, à l'UFR des sciences pharmaceutiques et biologiques, Amphi 400 (rez-de-chaussée). Entrée libre et gratuite.

Le programme complet de la semaine d'information sur la santé mentale :